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Automne | Benjamin Fogel

On continue la série d’interviews “Automne” avec Benjamin Fogel. Je le laisse se présenter parce que le monsieur a beaucoup d’activités.

Benjamin Fogel ?

35 ans / Cofondateur de Playlist Society (Revue et Maison d’édition) / Auteur du Renoncement de Howard Devoto (2015 – Le mot et le reste) et de Swans et le dépassement de soi (2016 – Playlist Society)

Blogueur ?

J’ai commencé à bloguer en 2007 alors que Playlist Society n’était encore que mon blog personnel. Presque 10 ans plus tard, je me considère toujours comme un blogueur qui écrit de manière irrégulière sur des sujets qui le touchent. J’ai toujours beaucoup d’affection pour ce terme et pour cette idée d’espace d’écriture autonome soumis à quasiment aucune règle.

Ecrivain ?

On m’a posé cette question peu après la sortie du Renoncement de Howard Devoto lors d’un festival littéraire qui avait pour thème « les premiers romans ». A l’époque j’avais répondu que non, qu’on ne pouvait pas se prétendre écrivain parce qu’on avait publié un seul livre, le tout dans un contexte où tout le monde écrit et où il y a déjà beaucoup trop de livres. Les autres auteurs interviewés avaient sensiblement répondu la même chose. François Alquier, qui animait la rencontre, avait alors souligné combien nos réponses étaient typiquement françaises. Qu’aux Etats-Unis ou en Angleterre, un écrivain était quelqu’un qui avait publié au moins un roman chez un éditeur, et que les auteurs assumaient ce titre sans se poser la question. Je me suis senti un peu bête et faussement modeste en l’écoutant. Alors depuis, quand on me dit « Ecrivain ? », je réponds « Oui ».

Editeur ?

Si on m’avait posé la question il y a trois ans, j’aurais répondu « Je voudrais bien, mais je ne vois pas comment ce serait possible ». Après 6 livres publiés en deux ans par les éditions Playlist Society et une dizaine de projets en cours de développement, il semblerait bien que ce soit le cas.

Il faut être fou pour être éditeur en 2017 ?

Non je ne crois pas. Il y a toujours besoin de publier des livres en lien avec l’histoire, l’actualité et les évolutions socio-culturelles. Ce n’est pas impossible d’être éditeur en 2017. Pas besoin d’être fou pour ça. Il faut juste être prêt à travailler beaucoup avec en seule ligne de mire le fait que les livres restent essentiels.

Pour te découvrir, tu conseilles quoi ?

Aller boire des bières avec moi \o/

Pour découvrir Playlist Society éditions, tu conseilles quoi ?

Oh j’aime beaucoup tous les livres qu’on a publiés. Je dirais juste de choisir celui pour lequel on a le plus d’affinité avec le sujet.

Le roman et le lecteur de roman vont disparaître pense Philip Roth. Un avis ?

Je ne suis pas du tout adepte de ces théories dystopiques. Le lecteur de roman va évoluer, et les écrivains vont continuer d’écrire. Cette interview de Philip Roth où il parle du roman comme d’un animal mort remonte à 7 ans déjà, et le roman est toujours là – voire même particulièrement en forme en 2016. On peut questionner l’utilité du roman, mais pas son existence. L’écriture permet toujours d’aborder des émotions inaccessibles par l’image, par le cinéma et par les jeux-vidéos. Tout coexistera. Le roman perdra parfois du terrain, mais il aura toujours un espace bien à lui.

L’industrie du live a-t-elle un avenir (en tant qu’industrie) ?

Je cite le Syndicat National de l’Edition : « Après cinq années consécutives de baisse,  le revenu net des éditeurs a amorcé une légère reprise en 2015. Il a progressé de 0,6 % en valeur et de 3,5 % en volume, passant de 2,652 milliards d’euros en 2014 à 2,667 milliards d’euros pour un total de 436 millions d’exemplaires vendus ». Le livre, c’est un marché difficile, mais, à ce stade, ça reste totalement un marché. Ce qui ne veut pas dire que les acteurs d’aujourd’hui seront sont de demain.

Les réseaux sociaux semblent s’atrophier. Tu le ressens ou pas ?

Je ne pense pas qu’ils s’atrophient. Je crois qu’ils se stabilisent. Ils sont maintenant tellement intégrés à nos vies, qu’ils n’attirent plus l’attention comme avant. Mais au quotidien, Twitter et Facebook m’apparaissent toujours aussi essentiels.

Comment découvres-tu de nouveaux livres ?

Par le plus de canaux possibles. Les livres peuvent venir de partout. Je reste attentif.

Un livre inconnu* à nous faire découvrir ?

Oh bah sans surprise, La Bouche de Francis Bacon de Michael Gira, recueil de nouvelles affreusement gênantes. Un des rares livres qui m’a vraiment filé la nausée.

Un.e auteur.e inconnu.e* à nous faire découvrir ?

Pas inconnu, loin de là même, mais je m’étonne toujours qu’on ne parle pas plus souvent d’Albert Cossery dont l’économie des mots n’a d’égal que son goût pour la paresse.

Une question qu’on ne t’a jamais posée ?

Quel est le livre que tu rêves d’écrire ?

Est-que que tu te sens seul (c’est la question qu’on n’a jamais posée à Thierry Crouzet) ?

A cet instant précis, non. Mais c’est le genre de question dont la réponse varie malheureusement selon les moments.

Cette série d’interview repose sur la sérendipité. J’interviewe qui après ? Tu peux mettre deux ou trois personnes  (et une question pour elles si tu le souhaites).

Elise Lépine, critique littéraire à Transfuge et à France Culture, raison notamment pour laquelle je ne me sens pas seul à cet instant précis.

Je confirme que pour découvrir Benjamin la bière est un bon moyen. Je vous conseille son Swans et le dépassement de soi d’une noirceur rafraichissante pour une livre sur un groupe de musique. Je n’ai pas lu le renoncement de Howard Devoto mais je suis à peu près sûr qu’il y a un livre pour vous chez les éditions Playlist Society

Valery

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Valery

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