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La cobotique – Arnaque, innovation ou les deux ?

Je suis fasciné par les articles que je peux lire sur la cobotique. Tous, ou presque, ont le même angle, un peu benêt, un peu niais. Tous, ou presque, ont l’angle que leur donnent les vendeurs de robots collaboratifs. Repris souvent tel quel par les journalistes, les blogueurs et les twittos. 

Ce qui nous donne du : la cobotique, c’est formidable, c’est la collaboration de l’homme et de la machine, de l’homme et du robot. Grâce à la cobotique, au robot qui au milieu des humains, fait le boulot des humains, «Les humains pourront se consacrer à des tâches plus nobles».

Que les robots soient formidables, c’est indéniable. Et ils le sont plus encore que vous ne croyez. Que la cobotique soit un principe sympa, c’est aussi vrai. Mais que tout le monde oublie que nous parlons d’un principe déployé dans un monde où l’humain est considéré comme une charge, ça me dépasse. Jamais cette logique du robot qui effectue les tâches ingrates ne semble contestée, questionnée. Quand un robot plus capable que le précédent sort chaque jour, quelles taches vont rester aux humains ?

J’ai rencontré un vendeur d’un de ces robots, qui s’est un peu oublié et au lieu de me bullshiter, de me sortir son petit mensonge sur la collaboration, m’a tenu un discours de vérité (que je connaissais déjà mais l’entendre d’un autre fait toujours plaisir) :

  • Comme ça vous pouvez vous débarrasser des tous les opérateurs.

Il y a eu un blanc, j’ai souri, un sourire mi-complice genre « hin hin hin toi et moi on sait ce qu’il en est» pour qu’il ne se rétracte pas par peur, alors il a repris, néanmoins conscient de sa boulette, mais avec une franchise presque désarmante :

  • Je ne devrais pas dire ça, je ne suis pas censé dire ça.
  • Je vous le confirme. Mais je vous promets que si j’en parle, je ne vous citerai pas.

Et peu importe de qui il s’agit mais la vérité est là. Comment autant de gens intelligents, cultivés, peuvent passer à côté de ce fait : si un robot coûte moins cher qu’un humain, l’entreprise prendra le robot. Et la cobotique, si elle a du sens, si elle ouvre des perspectives ne change rien au fait que les robots collaboreront de plus en plus avec d’autres robots. Bref, la cobotique est une innovation mais sa promesse, dans notre monde actuel, est une arnaque.

J’imagine qu’il faut afficher un enthousiasme forcené pour ne pas passer pour un rétrograde, alors tout le monde s’aligne. Ayant commis un livre « Mon collègue est un robot » dans lequel je décris 40 robots déjà prêts à remplacer les humains, j’ai beaucoup de mal à faire comprendre que j’adore les robots, que le problème ne vient pas des robots mais du monde dans lequel nous allons les déployer. Un monde où l’humain ne vaut que tant qu’il coûte moins cher qu’un robot…

 

Valery

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  • Un monde où l’humain ne vaut que tant qu’il coûte moins cher qu’un robot… Ou peut-être un monde où l'humain aura une valeur autre que celle de sa force de travail. Ça sonne très utopique dit comme ça, mais peut-être va-t-on vers la disparition totale du travail, peut-être glissons-nous vers une civilisation radicalement différente, dans laquelle l'être humain trouvera le moyen de s'accomplir autrement, par l'oisiveté, la spiritualité ou même par les arts.

  • Valéry,

    Je ne pense pas que les robots pourront avant très longtemps remplacer les hommes dans toutes les fonctions de production. Néanmoins, il est vrai que les robots et les cobots peuvent réaliser de plus en plus de tâches répétitives, sans intérêts, potentiellement génératrices de problèmes musculo-squelettiques, ... De la même façon d'ailleurs que les machines spéciales qui sont déjà présentes depuis des années dans l'industrie et sur lesquelles a jamais fait d'articles catastrophistes parce qu'elles remplaçaient des travailleurs (machines-outils d'usinage, machines de remplissage de bouteilles, machines de cuisson de pizza industrielles ...). Nos industries sont de plus en plus mécanisées et tant mieux parce que cela permet de produire moins cher et donc de proposer au marché des produits moins chers et donc de pouvoir plus facilement exporter et donc d'augmenter les volumes et donc ... de recruter du personnel supplémentaire pour assurer toutes les tâches que les machines ne peuvent pas accomplir !

    Notre problème principal en France est que nous n'exportons pas suffisamment parce que nos produits sont trop chers ou de qualité insuffisante par rapport à leur prix. En automatisant, on peut augmenter la qualité et réduire le prix et devenir plus compétitif à l'export. On se retrouve alors compétitif sur un marché de 7,43 milliards de clients potentiels plutôt que de se battre sur l'origine Française d'un produit dont la qualité n'est pas meilleure que les produits d'importation sur un marché de 66 millions de clients potentiels.

    Le problème quand on parle de la robotique c'est qu'on résonne toujours à volume constant de production. Mais quand une entreprise robotise, ce n'est jamais pour pouvoir licencier du personnel et continuer au même rythme, c'est pour augmenter sa production à personnel constant dans un premier temps et rapidement après elle recrute.

    • Oui Philippe, on raisonne à "volume constant" mais le problème, quand on considère que la production va augmenter et que l'on va embaucher (ce qui est vrai et vérifié pour les entreprises utilisant Baxter ou équivalent) c'est qu'on ne raisonne pas global.
      Si une entreprise produit plus, moins cher et embauche, que se passe-t-il pour l'entreprise qui produit plus cher ? Elle ferme. Et met tout le monde sur le carreau.

      Cette entreprise Suisse par exemple, a doublé sa production et ses ventes grace aux robots. Résultat ? Aucune embauche ou presque. Mais ses concurrents qui se sont fait tailler des croupières ? Chomage chomage.
      http://www.rts.ch/play/radio/vacarme/audio/le-robot-un-allie-ou-un-rival-15?id=7760919

      Donc oui, il y a un effet d'aubaine pour les entreprises qui se mettront à la robotique avant les autres. Mais au global, dans un monde ultraconcurrentiel, où l'humain ne vaut que tant qu'il coute moins qu'un robot, le système va dans le mur.

      Et n'oublions pas que l'argent qui est dégagé par cette hausse de la productivité n'est pas réinvesti mais en grande partie capté par quelques personnes/entreprises/investisseurs. Ce qui limite d'autant l'augmentation de l'emploi.

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Publié par
Valery

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