Automne, une série d’interviews autour de la création et de la sérendipité revient encore. Après Lizzie Crowdagger , Sabine Huynh a accepté de continuer la série. Thierry Crouzet m’avait proposé d’interviewer l’équipe de La Piscine, qui elle-même a indiqué Sabine.
Oui ? Huynh signifie « luciole » en vietnamien, ou encore bon ami, qui a une bonne réputation. C’est un nom du Sud Viêtnam, où je suis née, comme l’un de mes écrivains préférés, Marguerite Duras.
Lire mon travail.
J’y ai fait des tentatives de lecture à voix haute, mais je ne sais pas trop ce que ça vaut, je ne suis pas sûre d’avoir la voix qui convienne. C’était pour m’amuser.
Un immense plaisir, bien sûr, sinon à quoi bon ? Mais c’est aussi une école. J’ai toujours aimé l’école. La traduction, comme l’école, m’ont permis de respirer, ailleurs, et de m’y retrouver.
Pourquoi a-t-il dit ça, dans quel contexte ? Il s’est fondé sur quoi ? Le roman est un genre vaste, qui a évolé avec le temps, et qui offre une grande variété de formes. À la base, il s’agit et s’agira toujours de narration et de création. Je ne vois pas comment on pourrait arrêter d’aimer raconter ou entendre des histoires, les siennes, celles des autres, des histoires réelles ou imaginaires, que l’on soit écrivain ou pas. Le roman est un espace d’expérimentation et de liberté, un espace de parole, de vie.
Je ne me pose pas la question en ces termes, en termes de « raison » et d’argent. Est-ce que le boulanger fait et vend du pain parce que sinon il ne pourrait pas respirer ? Je pense que non. Est-ce que j’ai enseigné, traduit, écrit des piges, travaillé comme vendeuse, pompiste, serveuse, interprète, modèle, etc., pour respirer ? Je ne crois pas. Par contre, j’écris pour vivre. Je vis pour écrire. Je n’écris pas pour en vivre. Pour moi l’écriture est un mode de vie, c’est la vie, je n’ai pas de vie sans elle.
En tant qu’écrivain, je pense qu’être actif au sein des réseaux sociaux est important de nos jours, notamment pour aider mes éditeurs à diffuser leurs livres et leur actualité. Je suis plus ou moins active sur Facebook et Twitter, selon les périodes. Il me semble qu’ignorer le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion des écrits serait cracher dans la soupe.
Il faudrait savoir ce que c’est que « le talent ». Je pense qu’il y a peut-être des aptitudes au départ, qui seront développées ou pas, et leur développement proviendrait peut-être du travail, puisqu’avoir envie de quelque chose n’a jamais suffi à engendrer quoi que ce soit. Il y a peut-être un terrain propice, un terreau, quoi que je n’en suis même pas sûre. Ce dont je suis certaine, c’est qu’écrire demande énormément de travail, de pratique, de réflexion, de réécriture, de correction, et de lectures aussi. La lecture est essentielle. Lire les autres vous forme.
Je suis l’actualité des éditeurs, les miens et mes favoris. Je lis des revues et des blogs littéraires. Je discute avec des amis qui écrivent, traduisent. « Nouveaux livres » ne veut pas forcément dire livres écrits ou publiés de nos jours. J’ai récemment découvert l’œuvre de Thomas Bernhard, grâce à un ami écrivain. Et la traduction est une formidable génératrice de « nouveaux livres ».
Je vais répondre aux deux questions en même temps, si vous le permettez, car elles se recoupent, en tout cas je le vois comme ça. « Peu connu » de qui, et où ça ? Il y a des auteurs israéliens extraordinaires peu connus en Europe parce qu’ils n’ont pas encore été traduits de l’hébreu, comme Haggai Linik, que j’ai l’intention de traduire. Il y a des livres connus seulement par les linguistes, ou les traducteurs littéraires, par exemple, comme le fabuleux Ton beau de Marot, par le génial Douglas Hofstadter, dans lequel je ne me lasse pas de me replonger depuis vingt ans. J’ignore s’il en existe une traduction en français, je me demande même comment on pourrait le traduire en français, mais le non moins génial Claro a bien réussi à traduire le non moins fabuleux House of Leaves de Danielewski, un autre génie « peu connu »…
Celle-ci même. (sourire)
C’est une autre question de l’entretien ? Si c’est le cas, j’avoue ne pas vraiment la comprendre. Ou alors je comprends juste la partie qui concerne, à mon avis, les affinités que l’on peut éprouver envers un auteur en particulier. Et que signifie au juste « plus rien ne pouvait t’arriver » après ? Qu’on arrête d’écrire ? Pourquoi ? Par auto-satisfaction ? Étrange. Je vois l’écriture comme un éternel recommencement ; des retouches, remaniements, déplacements incessants ; comme la mer. Peut-être une insatisfaction constante aussi, qui pousse à continuer à revenir creuser, à chercher, la meilleure façon, la meilleure forme, pour dire.
« Sérendipité » ? Vous voulez dire « serendipity » en anglais, l’art des trouvailles géniales par hasard ? C’est tout à fait par hasard que je suis tombée sur le travail d’Anh Mat et de Julien Boutonnier, tous deux édités chez Publie.net, parce qu’ils tiennent des blogs littéraires. Et si je devais leur poser une question, je leur demanderais de me parler de la part de solitude dans leur travail, de son importance que je soupçonne comme étant cruciale.
J’ai beaucoup tardé pour publier cette interview. J’ai un peu honte. Mais je reste très content que cette interview existe et que la série puisse continuer. Et je remercie encore Sabine Huynh de s’être prêtée au jeu.
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